Pr Felix Mboup : « Le secteur privé national : un atout négligé »

« Le secteur privé va tirer la croissance, en particulier en Afrique où la problématique essentielle est de trouver des emplois pour les jeunes », avait déclaré l’ex directeur financier de la Banque mondiale Bertrand Badré, dans un entretien accordé au journal Le Monde Afrique. Une assertion qui montre le rôle important que joue le secteur privé dans le tissu économique. En Afrique, les Etats sont impuissants face aux nombres questions existentielles. De ce fait, si le secteur privé n’est pas assisté et appuyé, l’Etat central peinera toujours à résoudre les équations sociales.

Le Sénégal a la chance d’avoir un secteur privé pluriel et dynamique. Dans n’importe quel domaine vous trouverez des acteurs capables de relever des défis. Par malheur, à l’instar de certains pays qui ont réussi à créer des champions qui étendent leurs tentacules dans différentes frontières, le patronat Sénégalais souffre face à la préférence extérieure. Une situation due à plusieurs facteurs. D’abord, le code des marchés publics constitue un véritable frein. Il est vrai qu’il a connu des améliorations, mais il faut des réformes en profondeur sans quoi, les multinationales étrangères prendront toujours le dessus sur la concurrence. Ils ont fait bloc pour pouvoir conjuguer leurs forces et s’imposer, mais ils se rendent comptent toujours que ce n’est pas suffisant. Il faut une réelle volonté de l’Etat à travers des réformes, de l’accompagnement et de l’assistance. L’ancien président exécutif du club des investisseurs, Dr Abdourahmane Diouf avait déclaré que : « Nous ne demandons pas la détestation des autres, nous demandons l’amour de soi, l’amour de nous-même, l’amour du Sénégal », une demande que seul l’Etat peut satisfaire au regard de ses compétences.

Tant que ces réformes ne seront pas adoptées, les Pme auront du mal à exister et les grandes entreprises font face à une rude concurrence. Face à cet écueil, le nouveau club patronal dirigé par le PDG de Ecotra, Abdoulaye Sylla, le club C50% PN (Préférence nationale) propose « l’organisation des États généraux du code des marchés publics, en vue de dresser un bilan de la commande publique sénégalaise au niveau des entreprises sénégalaises et d’identifier de nouveaux objectifs et de nouvelles méthodes d’action. L’objectif de ces concertations sera de parvenir à une réforme des dispositions de passation des marchés publics, afin de les rendre plus modernes et plus cohérentes avec l’ambition d’assoir et de renforcer le rôle du secteur privé sénégalais, dans la dynamique d’émergence de notre pays »

Le secteur privé national a besoin de la commande publique pour grandir et épauler l’Etat dans la création de l’emploi et de ressources opportunes pour l’économie nationale. Sur ce, l’Etat a l’obligation de les assister pour deux raisons : Ils sont des Sénégalais qui investissent pour le Sénégal ensuite ils font travailler des milliers de Sénégalais. Mais le constat est aberrant, les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays n’ont pas véritablement accordé une place de choix au secteur privé national et paradoxalement, ils ambitionnent tous développer le pays ignorant le rôle primordial du patronat.

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