Mamadou Djigo : « Diamniadio, c’est pour carrément réorganiser et équilibrer Dakar » (Entretien°

Le Directeur de l’agence nationale pour l’aménagement du territoire (ANAT), Mamadou Djigo a parcouru la cartographie des réalisations du président Macky Sall depuis son arrivée à la magistrature suprême. Selon le responsable politique de l’APR à Koungheul, les réalisations parlent d’elles-mêmes, parce que visibles partout. Au chapitre du litige foncier qui a entrainé mort d’homme à Ngor, il fait des précisions sur la position stratégique de Ngor avant d’insister sur la sécurité.  

 

Parlez-nous de l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan national d’aménagement territorial

Après son accession au pouvoir, le président Macky Sall nous a demandé de faire un plan d’aménagement, parce que le plan trouvé sur place a un grand retard de défaut de mise en œuvre. Il nous a suggéré d’y ajouter le développement territorial. Le Sénégal est un pays déséquilibré et on devait le corriger ou le diminuer. A Dakar, habite un nombre important de la population. Or, c’est un petit espace. Les activités économiques, les institutions… sont toutes concentrées à Dakar. On s’est fixé comme objectif d’élaborer un plan national d’aménagement territorial qui corrige l’équilibre, ensuite qui répartit de façon intelligente les infrastructures et enfin organiser l’armature urbaine. La mise en œuvre avance très bien. Les infrastructures sont visibles partout

A propos de l’équilibre dont vous parlez, pourquoi il tarde à se réaliser ?

Si vous regardez bien la cartographie des réalisations, vous verrez que l’équilibre prend forme. Si vous regardez la pyramide des âges au Sénégal, les jeunes sont plus nombreux. Parmi eux, ceux qui étudient, après le bac, en général, ils quittaient leurs localités pour rejoindre Dakar. Actuellement, on a résolu ce problème. Mais il faut comprendre que la population du Sénégal augmente de façon générale. Et Dakar est une capitale hyper attractive, donc c’est normal que les gens continuent de la rejoindre. A cela s’y ajoute la présence des Guinéens, des Maliens, des Gambiens…

Si on regarde la cartographie des réalisations, on sent qu’il reste des efforts à faire sur l’éducation.

On a créé beaucoup d’écoles, des salles de classe, des lycées… mais comme je viens de vous le dire, c’est une population qui augmente et on a l’habitat rural dispersé qui constitue un problème. Il est causé par le nomadisme qui favorise la création de plusieurs villages éparpillés. Une situation qui fait qu’on ne peut pas les regrouper pour créer une infrastructure. Et cela est à l’origine de certains abris provisoires. Mais avec le programme national d’appui à la revalorisation des ressources territoriales, le président nous a demandé de faire du Ranerou Ferloo un territoire de culture fourragère pour pouvoir fixer les populations et cela permettra de régler d’autres problèmes comme la déperdition scolaire, les conflits entre éleveurs et agriculteurs, l’exode rural, le vol de bétails entre autres.

Parlons de l’aménagement de Diamniadio, d’aucuns pensent que c’est lent

Il faut comprendre que la construction d’une ville nouvelle prend beaucoup de temps. Le rythme d’exécution des travaux est bon. Toutes les infrastructures sont présentes. En réalité, Diamniadio, c’est pour carrément réorganiser et équilibrer Dakar. D’habitude les grandes capitales ont plusieurs centralités. Malheureusement, à Dakar, on a un seul central business district qui est au niveau de Plateau. De ce fait, cette localité subie une surcharge de la centralité. Et cela provoque des embouteillages, de l’insécurité, de l’insalubrité… C’est pour cela que le président a décidé de créer d’autres centralités pour équilibrer plateau. C’est la raison pour laquelle, les sphères ministérielles et d’autres infrastructures ont été déplacées. Il a également donné l’injonction d’avoir d’autres centralités à Pikine, Guediawaye et Keur Massar pour éviter le mouvement pendulaire à sens unique. Il faut le dire, c’est une politique qui a connu beaucoup de succès. En tant que développeur, les résultats ont dépassé mes attentes.

Que répondrez-vous à ceux qui disent que le sol n’est pas bon à Diamniadio.

C’est un faux débat, moi j’ai vu une mer remblayée pour gagner en espace. A Monaco, ils ont gagné sur la mer, à Dubaï c’est pareil. Japon par exemple est un territoire fragile. Ils sont obligés de trouver du matériel adapté pour les sols. Le président Macky Sall est géologue et jamais, il ne laissera construire dans une zone non indiquée. Il nous a recommandé d’adapter le matériel de construction en fonction de la localité et c’est ce qu’on a fait.

A Dakar, malgré la construction de plusieurs autoponts, les embouteillages persistent, c’est quoi le problème ?

C’est normal, premièrement parce que tous les travaux ne sont pas achevés, deuxièmement, la population augmente de même que le pouvoir d’achat, donc les gens ont tendance à acheter des véhicules. On est en train de faire une politique intelligente pour avoir des transports collectifs comme le BRT et le Ter mais il faut préciser qu’on ne peut pas interdire aux Sénégalais d’acheter des voitures.

A Ngor, les populations s’opposent à la construction d’une gendarmerie. Quelle lecture avez-vous de ce litige foncier

Ceux qui disent qu’ils ne veulent pas d’une gendarmerie ont tort parce que Ngor fait partie des territoires exposés. D’abord c’est la partie la plus occidentale de l’Afrique, la plus avancée dans la mer.  Ngor fait face à l’Amérique du nord et à l’Amérique latine. Nous savons tous que l’Amérique Latine est une plaque tournante du trafic de drogue. Le pétrole et le gaz du Sénégal se trouvent également dans la mer. Du coup, Ngor devient un territoire où sa sécurité devient la principale préoccupation de l’Etat et des aménageurs. Ngor ne peut pas ne pas avoir une gendarmerie. Urbanistiquement, Ngor pose problème. En cas de catastrophe (je ne le souhaite pas) les secours auront d’énormes difficultés. Une forte présence des étrangers, la prostitution… Le président avait suggéré de scinder le terrain en question, en deux parties pour avoir un lycée et une gendarmerie. Et je pense que le problème est résolu.  Mais les gens doivent savoir que la principale priorité de l’Etat reste la Sécurité des Ngorois. On ne peut pas apprendre quand on est pas en sécurité.                             

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