L’OEIL DU SPHINX – PRESIDENTIELLE 2024 : POUVOIR COMME OPPOSITION : TOUS MARCHENT SUR « MARS » !

Tous marchent sur « mars », pouvoir comme opposition. Le pays de la teranga est à la dérive. Sous l’impulsion d’un bras de fer éthéré, des gladiateurs aveuglés par la chose politique, se livrent un combat sans merci. Violences d’Etat et violences politiques rivalisent d’ardeur, depuis le fameux feuilleton de Sweet beauté. Ce fait divers devenu une affaire d’Etat en est arrivé à couper le souffle à tous les sénégalais. La suite a été meurtrière, regrettable et à la limite inqualifiable. Comme si cela ne suffisait pas, le choc des ambitions en prélude de la présidentielle de 2024 est venu jeter de l’huile sur le feu d’un landerneau politique détraqué. Tous marchent sur « mars ». Le nouveau chemin désormais emprunté par les gladiateurs du pouvoir et de l’opposition au pays de la teranga.

 

Qui disait que la démocratie est le pire des systèmes à l’exception de ceux que nous avions déjà vécus ! Wilson Churchill ne savait pas si bien dire en démontrant avec justesse que la démocratie procède d’une illusion. Dès lors qu’il y a une césure entre le gouvernement et le peuple. Ou entre des acteurs politiques et les gouvernés. Quasiment, le Sénégal se retrouve dans ce décor similaire où pouvoir et opposition rivalisent de violences au nom de la démocratie.

 

Nous ne « marchons » pas sur la planète mars mais bien sur les émeutes de mars dernier. Nous jouons à rééditer ce moment fatidique où le pays de la teranga a été la risée de ses voisins et du monde. Un pays marqué par un minuscule point sur le globe terrestre où, dit-on, la teranga est érigée en système.

 

Mais une teranga dépourvue de démocratie au sens diachronique du terme. En vérité et au stade où nous sommes, tous marchent sur « mars » à partir d’un fait divers transformé en une affaire d’Etat. Grenades lacrymogènes contre cocktail Molotov. Les noms de Sonko et Adji Sarr faisaient l’écho des médias survoltés, jadis. Le peuple divisé et les politiciens à leurs marques.

 

C’est un fait divers, non, rétorquent les autres, c’est une cabale politique. Chacun y va de sa schématisation. Chaque camp essaye d’imaginer l’inimaginable pour convaincre l’opinion. A la limite, on n’y comprend plus rien. C’était un capharnaüm !

 

Une querelle de clochers mettait ainsi le pays de la teranga dans une atmosphère chaotique. Mais à l’arrivée, le bilan était macabre et insoutenable. Il y a eu plus de 14 morts et des dégâts matériels inestimables à Dakar et dans les régions.

 

Des citoyens présumés tombés sous les balles des forces de l’ordre, des commerces et magasins pillés, des vies brisées, des édifices publics détruites, des véhicules calcinés, des enfants perdus, des émeutes de la faim perceptible, des bandits jubilant. La voix du patriarche de Touba aura eu à résonner et les esprits se sont tus soudain comme par miracle.

 

Bref, il s’en est fallu peu pour que le pouvoir de Macky soit entièrement dans la rue. Tous marchent sur « mars » aujourd’hui. L’opposition tout comme le pouvoir. Ils en oublient même le peuple raviné par la pauvreté et l’incurie des politiciens. Tous marchent sur « mars » aujourd’hui, endurcis qu’ils sont par les émeutes de mars dernier.

 

On avait juré plus jamais ça mais rien n’y fit. Chassez la violence, elle revient au galop au sein du landerneau politique national.

Tous marchent sur « mars », bombant le torse et se délectant de la violence d’Etat face à la violence politique. Le passé effacé, le présent chauffé et le landerneau politique réfractaire à la culture démocratique. Le chaos organisé s’installe. Chaque camp se gargarise d’avoir le toupet de marcher sur « mars ». Mais au-delà de cette apologie de la violence sans fin, où est-ce que ça cloche vraiment pour le Sénégal ?

 

De toute évidence, une démocratie sans culture démocratique mène au chaos. Et aujourd’hui, les sénégalais confondus se plaisent à marcher sur « mars », c’est-à-dire jouer à se faire peur et à menacer de rééditer les émeutes de « mars dernier » sans à priori et avec froideur.

 

A la face d’un monde qui nous chicane et qui réfléchit à voler à notre secours sous réserve de notre pétrole. Tous marchent sur « mars » et le Sénégal se fait « hara kiri » à l’insu de nos chefs religieux. Mbacké a rappelé mars 2021, vendredi dernier. Le sanctuaire de Serigne Touba khadimou Rassoul a été touché tel un sacrilège que personne n’a vu venir. Ousmane Sonko le leader de Pasef s’est payé sa tête en s’entêtant de tenir son meeting face à l’interdiction préfectorale pour vice de forme.

 

Des salves de grenades ont plu sous l’effet de l’injonction donnée aux forces de défense et de sécurité (FDS) et plus de 80 manifestants ont été arrêtés devant une mobilisation exceptionnelle des Patriotes autour de leur leader Ousmane Sonko. L’épicentre de l’affaire Adji Sarr, c’est indubitablement la prochaine présidentielle de 2024 où Sonko risque d’être écarté au profit de la troisième candidature du Chef de l’Etat Macky Sall qui aura pourtant épuisé ses deux « cartouches ».

 

Aujourd’hui, faut-il brûler le pays pour Macky Sall ou pour Ousmane Sonko ou autre ? Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. Ce dicton de Clemenceau nous tombe dessus et nous indique la voix à emprunter pour sauver le pays de la teranga d’ici à la prochaine présidentielle 2024 !

Aliou Top

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.