Juan Branco, l’avocat aux nuances de gris (Par Cheikh Dia)
Expulsé du Sénégal il y a quelques jours, Juan Branco avait accusé le Président Macky Sall d’être un « tyran ». Une accusation grave de la part de ce jeune avocat français, très médiatique et auteur de nombreux livres. Mais qui est-il réellement ? Car même en France, ce ténor du barreau, et surtout des plateaux, est loin de faire l’unanimité.
Ces dernières années, le jeune avocat s’est retrouvé impliqué dans plusieurs affaires. En 2020, l’affaire du “Pornopolitique” a déclenché une polémique en France. Un artiste russe nommé Piotr Pavlenski a diffusé des images d’une sextape impliquant l’ancien secrétaire d’État, porte-parole du gouvernement et député Benjamin Griveaux. Convoitant la mairie de Paris à l’époque, Griveaux a retiré sa candidature et quitté la vie politique. Juan Branco, avocat de l’artiste, a été accusé de l’avoir “conseillé” dans le cadre de la diffusion de la vidéo. Bien qu’il ait depuis été blanchi par la justice, certains magistrats continuent de penser qu’”il a vraisemblablement joué un rôle actif dans la diffusion des vidéos litigieuses”, selon une dépêche de l’AFP en 2022.
Accusation de viol
L’année suivante, Juan Branco est accusé de viol par une jeune femme rencontrée sur les réseaux sociaux. Cette dernière a déposé une main courante le 29 avril 2021, où elle accuse l’avocat. Mis en garde-à-vue un mois plus tard, Juan Branco a dénoncé des accusations sans fondement. Il convient de noter que l’étudiante, âgée de 20 ans au moment des faits, a déclaré dans sa main courante, avoir pris de la Lamaline, un opiacé, en compagnie de Juan Branco. L’avocat a reconnu publiquement ce fait, tout en relativisant la puissance du médicament. Le 24 novembre de la même année, il a été mis en examen pour viol par la justice française et placé sous contrôle judiciaire.
Manipulateur et mégalomane ?
Juan Branco est régulièrement critiqué sur les réseaux sociaux pour sa haute opinion de lui-même et son manque de transparence. Il met souvent en avant son parcours, mais a été révélé en 2019 par le journal “L’Express”, pour avoir salé son CV, en prétendant avoir intégré l’ENS sur concours, alors qu’il l’a en réalité intégré sur dossier.
Juan Branco se décrit comme ayant été le “Directeur de cabinet” d’Aurélie Filippetti en 2012, mais ce poste n’existe pas. En réalité, il était simplement “collaborateur parlementaire” dans le cadre de la campagne présidentielle de François Hollande.
Dans un article de “France Info” paru en 2019, l’ancienne ministre Filippetti décrit Juan Branco comme étant “à la fois mégalo, mythomane et très, très manipulateur”. Même dans son propre camp politique, certaines de ses méthodes sont dénoncées. Dans son livre-enquête “Crépuscule”, paru en 2019, il s’attaque aux réseaux du président Macron, mais est critiqué par une partie de la presse d’opposition, comme “Médiapart” ou “Marianne”, pour son manque de sérieux et de professionnalisme dans l’investigation.
Juan Branco est souvent considéré comme un “enfant gâté” des élites françaises, qui prétend aujourd’hui les combattre malgré ses contradictions et ses déformations. Si ces comportements sont tolérés en France, doit-on les tolérer également au Sénégal ?
Cheikh Dia