Journalistes ou Militants : Quand la barrière de la déontologie saute !
Ils sont connus pour leur prise de position, leur engagement et/ou manifestations successives, soit pour faire face à un régime ou pour affaiblir une opposition. Les militants sont cette masse réunie autour d’un leader ou d’une doctrine. Ils détiennent toujours une feuille de route qui leur permettra dans le temps, de pouvoir convaincre le peuple sur leurs différents projets. Le plus souvent composés de jeunes, ces derniers se font toujours entendre lorsqu’ils appartiennent à l’opposition.
Le Sénégal jouant cette phase de sa démocratie, vit les plus sombres journées de son histoire. En effet, la question de la troisième candidature du président Macky Sall est un écueil qui ne finit pas de sidérer la société civile, certains politiques et observateurs. Nous en sommes à moins d’une année de la présidentielle de 2024, mais toujours aucune idée sur la décision de se présenter ou pas du chef de l’Etat. Sa dernière réponse à cette question fut «ni oui ni non ». Pourtant, la majeure partie de la population sénégalaise l’exige de ne pas se présenter, sans quoi, il risque de créer des troubles, comme ce fut le cas en 2011. Cependant, son principal adversaire, le leader du parti Pastef et ses militants ne cessent de multiplier leurs rencontres pour déjouer les plans du Président Macky Sall et ses collaborateurs, pendant que les autres leaders de l’opposition font des tournées internationales pour préparer ces échéances. On assiste à une série de manifestations pendant lesquelles des blessés et arrestations sont enregistrés. Les forces de l’ordre qui étaient censées assurer la protection, gazent non seulement les citoyens, mais n’épargnent pas également les journalistes envoyés sur le terrain. Ces derniers (les journalistes) sont-ils responsables de leur sort ?
Ils ont été formés pour exercer avec éthique et déontologie, afin de travailler dans la transparence et non la subjectivité. Malheureusement, les journalistes ne détiennent non seulement pas le monopole de l’information, mais sont aussi victimes de dérapages des politiciens. Certains sont même sous l’emprise de beaucoup de leaders. La presse sénégalaise est en un moment considéré comme un parti politique. Au moment où les jeunes reporters se font agresser sur le terrain, gazés et le plus souvent envoyés en prison, ces même « doyens » marionnettes des leaders s’assoient, neutres et deviennent des spectateurs. On peut citer ces organisations d’arnaque qui ne vivent que pour leur intérêt, sous le nom des reporters, parmi tant d’autres. La majorité de ceux sur qui on pouvait compter pour assainir le milieu, a encaissé pour devenir chargé de communication des leaders qu’ils ont toujours critiqués.
Sur le terrain, nombreux sont les journalistes qui ne cachent plus leur appartenance politique. On est du côté du pouvoir, moins de bruit, ou de l’opposition, on tire sur tout ce qui bouge. Cette prédilection est d’ailleurs la source de ces multiples attaques que subissent les journalistes, car considérés comme des manifestants à travers leurs commentaires charibotés. Sanctionné pour avoir diffusé le rassemblement du maire de Ziguinchor à Mbacké, le Groupe Walfadjiri Tv a été privé de son signal pour une semaine par le CNRA. La personne qui dirige cette autorité, en l’occurrence Babacar Diagne est très critiqué par ses confrères. Ces journalistes ou analystes qui taillent une bavette avec les hommes politiques le matin, ne peuvent pas être critiques ou objectifs le soir sur ces mêmes acteurs. On a comme l’impression que le grand public est tourné en dérision pour des « door » inavoués.
Néanmoins, force est de reconnaitre qu’il reste encore des journalistes incorruptibles, qui ne vivent pas aux crochets des hommes politiques. Ils s’efforcent de ne pas franchir la ligne de la neutralité et des prises de positions partisanes. Même dans cette posture, ils sont critiqués dans leur neutralité sous prétexte qu’ils doivent se positionner dans une partie oubliant que le rôle du journaliste n’est pas de juger.
Au demeurant, la presse ressemble de nos jours, à un marché « louma »: les articles sont vendus, des plateaux achetés et des commentaires sur commande. Au regard de cette situation confuse, le tribunal des pairs (Cored) semble être impuissants face à ces dérives inquiétantes.