Appel au dialogue du président Macky Sall : les cadres de la RV décèlent des pièges
En raison de la situation politique et sociale explosive du Sénégal, compliquée par l’absence de perspective d’issue réaliste et heureuse à court voire moyen termes, les citoyens scrutent, avec appréhension, les dernières combinaisons des spécialistes de traquenards politiques tapis au Palais de la République.
Le Président Macky Sall, conformément à ses rappels insistants sur le legs des anciens et le sens sénégalais de l’honneur va-t-il faire siens ses propres engagements de mettre la Patrie au-dessus de tout ou s’inscrire dans la tradition des ses « njucc jacc » politiciens à laquelle il avait promis de renoncer (sic) ?
Dans ce contexte de veillée d’armes, son dernier appel au dialogue n’a pas suscité l’engouement qu’il espérait. C’est que chaque fois que M Macky Sall a appelé au dialogue, il avait déjà fini de poser des pièges par lesquels il entendait réduire l’opposition « à sa plus simple expression », avec la complicité de certains partis politiques.
C’est de la sorte qu’il avait introduit le parrainage à la veille de l’élection présidentielle de 2019. Dans la foulée, il a fait procéder à la modification de l’article 57 du code électoral, aux conséquences insoupçonnées et pour tout dire, peu remarquées à l’époque.
De même, le semblant de dialogue d’avant les dernières législatives lui avaient permis de modifier le ratio entre liste majoritaire et liste proportionnelle. Bien mal lui en avait pris, au vu des résultats.
Cette fois-ci, selon toute probabilité, sous couvert de discussions sur le parrainage, il semblerait bien que Macky Sall envisage d’introduire un mode de parrainage plus destructeur pour la démocratie. Dans cette perspective, nul ne pourrait plus être candidat aux fonctions de Président de la République s’il ne recueillait pas le parrainage d’un nombre de conseillers municipaux/ départementaux, de députés ou de hauts conseillers. Pour corser le tout, ces élus devraient appartenir à la même obédience que le candidat.
Par ailleurs, dialoguer avec Macky Sall revient à redonner crédibilité à sa parole largement discréditée. Dès lors qu’il aura l’onction de certains membres de l’opposition, Macky Sall aura réussi son coup:
– valider sa candidature,
– diviser l’opposition, créer des rancœurs entre ses membres et espérer dans ces conditions passer entre les mailles.
Il est à craindre, néanmoins, que des partis politiques ont déjà engagé de manière souterraine, et cela depuis des lustres, des négociations avec Macky Sall dont il convient d’habiller les conclusions par un semblant de Dialogue.
Si Macky Sall était réellement animé de sérieuses intentions de dialogue, il les aurait mises en œuvre au sein de l’Assemblée nationale. En effet, il aurait pu demander aux Députés de sa coalition de cesser les manœuvres dilatoires, obstructions de toute sorte et de favoriser notamment la mise sur pied de commissions d’enquête parlementaires pour édifier le peuple sur les gros scandales qui ont secoué la République au cours de son magistère.
L’irruption du F24 sur la scène est dans ce contexte une très grande opportunité pour l’opposition, et a conduit Macky Sall à lancer prématurément son appel-piège. L’opposition parlementaire, qui est unanime à réclamer les modifications du code électoral réclamées par le F24, devrait porter une proposition de loi à cet effet. Ce serait là un test majeur sur les dispositions d’esprit de Macky Sall. Il ne s’agit pas, c’est le plus tragique dans cette affaire, d’obtenir de nouvelles conquêtes démocratiques, mais de revenir au point de départ de 2012.
La grande majorité des Sénégalais est consciente que des régressions dramatiques ont été enregistrées sous le magistère de Macky Sall. Ces compatriotes, pour peu que le F24 sache s’inspirer des luttes antérieures, seront présents au rendez-vous de l’Histoire.
Le Cercle des Cadres de la
République des Valeurs / Réewum-ngor (CECAR)